Épisode 6
Pas le temps ?
- La fatigue décisionnelle se produit lorsque chaque prise de décision épuise un capital de décisions limité, ce qui peut devenir épuisant, en particulier en fin de journée.
- 3 conseils pour la réduire :
- Réduisez les décisions quotidiennes.
- Planifiez vos moments de décision.
- Allouez des ressources finies.
Je ne sais pas pour vous mais j’ai remarqué que le moment où je craquais pour un (des) malabars (oui, j’ai encore des goûts d’enfant), ou des chips au vinaigre de cidre, c’était toujours en fin de journée. Puis je suis tombé sur ce concept de fatigue décisionnelle qui m’a convaincu d’être un des co-facteurs. Est-ce que je vais me mettre pour autant à toujours porter un jean et un col roulé noir, à la Steve Jobs ? Pas sûr. En tout cas, je vous propose mes 3 conseils pour réduire et améliorer les décisions que vous prenez tous les jours. Ne vous posez pas plus de questions que ça, allons-y !
Qu’est-ce que la fatigue décisionnelle ?
Le principe de la fatigue décisionnelle1 présuppose qu’on commence sa journée avec un capital fini que chaque prise de décision vient progressivement entamer.
Imaginez-vous à la fin d’une journée de travail quand il est encore question de prendre des décisions pour le foyer, à commencer par la préparation du dîner. Vous en êtes même à redouter un moment de détente comme regarder la télé puisqu’il faut cette fois-ci encore choisir quoi regarder, qui plus est en compromis… Je me demande si c’est ce qui explique l’engouement pour le format des vidéos courtes proposé par TikTok et consorts : le seul choix possible c’est le suivant. C’est la nouvelle forme du zapping, aussi appelée doomscrolling pour faire – légitimement – peur…
Figurez-vous que les “marketeux” – toujours à la pointe de la manipulation émotionnelle et psychologique quand elle n’est pas métabolique (un sujet à part) – savent très bien profiter de ce phénomène. C’est ce qui explique la présence des petits encas sucrés à la caisse du supermarché : le temps d’y arriver, vous avez déjà pris trop de décisions et n’avez plus envie de vous demander si c’est bien raisonnable (généralement non !). C’est lié mais laissons pour une autre fois encore le sujet de la surabondance de choix alimentaires…
3 conseils pour la réduire
Voici donc mes astuces pour prendre moins de décisions et finalement en prendre de meilleures :
- Réduisez les décisions quotidiennes : J’avais un peu suggéré cette possibilité en introduction. L’idée est ici d’éliminer d’emblée certains choix. Parfois, tout bonnement parce que le sujet n’est pas assez important pour vous ou peut-être que la simplification extrême ou uniformisation a un intérêt en tant que tel (pensez personal branding pour le cas de Steve Jobs). Mais moi je voudrais plutôt mettre l’accent sur la puissance de la routine. C’est notamment très efficace pour sa diète (cela fait plusieurs années que j’ai le même petit déjeuner à base de porridge d’avoine et je m’en sors très bien). Certains vont jusqu’à se faire les mêmes repas pour toute la semaine (on parle de batch cooking2, ça fait plus chic). Pourquoi pas, à condition de s’assurer qu’ils soient parfaitement complets, ce qui est difficile. C’est aussi très efficace – et je dirais même indispensable – pour ses exercices physiques. Certes, refaire la même chose peut paraître ennuyeux (encore qu’on peut voir plus facilement sa progression) mais il a été prouvé3 que c’est justement la fréquence d’entraînement qui donne le signal à votre corps pour s’adapter.
- Planifiez vos moments de décision : Au lieu de vous stresser toute la journée à propos d’une décision importante, vous vous donnez un moment dédié pour y réfléchir et la prendre. Ce n’est pas de la procrastination puisqu’on ne remet pas indéfiniment la tâche. Je vais vous donner l’exemple d’une amie qui a eu la bonne idée de gérer toutes ses paperasses administratives le matin… “à l’abri” des enfants. Rien qu’en dissociant ses sujets professionnels de ses sujets personnels, une partie de la charge cognitive4 est ainsi soulagée.
- Allouez des ressources finies : Vous pouvez vous donner un temps fini pour réfléchir à une tâche ou une heure ou date butoir. Cette limite n’est évidemment pas arbitraire et devrait être fonction de l’enjeu. Choisir son logement ne devrait pas prendre autant de temps que sa barre protéinée… Vous seriez surpris ! Attention, veillez quand même à allouer une part de ce temps-là à l’examen de l’ensemble des possibilités (je ne voulais pas vous sortir un autre anglicisme mais oui, c’est une sorte de benchmarking).
Rappelez-vous qu’avoir une routine quotidienne est la meilleure façon de prendre moins de décisions. Je reviendrai peut-être sur le sujet plus large de la prise de décision et du rôle de l’intuition mais peut-être aussi sur certains sujets que j’ai effleurés comme la surcharge informationnelle et la paralysie d’analyse…
Voici un hack perso : ne prendre ses décisions importantes que le matin. Pour être plus précis, je tire aussi parti du vieil adage « la nuit porte conseil » dans la mesure où – à moins qu’il n’y ait urgence – j’y avais déjà réfléchi la veille. Je me suis récemment rendu compte que Jeff Bezos avait dit en 20185 qu’il avait à peu près la même routine…
Fun Fact
Chaque jour, un adulte prend environ 35 000 décisions conscientes6 (contre environ 3 000 pour un enfant). C’est énorme ! Une autre source7 nous informe que nous prenons 226,7 décisions par jour pour notre alimentation, rien que ça…
Pour aller plus loin
Références
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Fatigue_décisionnelle ↩︎
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Batch_cooking ↩︎
- Zaroni RS, Brigatto FA, Schoenfeld BJ, et al. High Resistance-Training Frequency Enhances Muscle Thickness in Resistance-Trained Men. J Strength Cond Res. 2019;33 Suppl 1:S140-S151. doi: 10.1519/JSC.0000000000002643. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31260419/ ↩︎
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Charge_cognitive ↩︎
- https://www.youtube.com/live/xv_vkA0jsyo?feature=share&t=2490 ↩︎
- Sahakian B, Jamie Nicole LaBuzetta. Bad Moves. OUP Oxford; 2013. https://global.oup.com/academic/product/bad-moves-9780199668472 ↩︎
- Wansink B, Sobal J. Mindless Eating. Environment and Behavior. 2007;39(1):106-123. doi: 10.1177/0013916506295573 ↩︎